Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/61

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15 mai. — Ce soir, la maréchale *** sous sa coiffure métallique jetant des lueurs de cantharides, avait un sourire de l’œil d’un charme indéfinissable… Se sentant regardée, elle a pris, ainsi que c’est commun aux femmes qui sont l’objet de l’attention, une fausse pose naturelle… Et cela m’a donné l’idée de commencer mon futur roman d’amour par une grande étude de la mimique, de l’approche électrique, de la communication des fluides, du mariage des effluves, entre deux corps prêts à s’aimer.

20 mai. — Charles Blanc : un apôtre sculpté dans un marron d’Inde, ou plutôt dans un radis flétri avec ses blancs malades.

21 mai. — Mme Sand fait son entrée chez Magny, en une robe fleur de pêcher : une toilette, je crois bien, tout en l’honneur de Flaubert.

— Qui devient triste, de moi ou des endroits publics ? Ce soir, Mabille m’a paru lugubre. Pas un rire, pas un éclat de jeunesse ou de gaîté ! Une promenade silencieuse qui fait crier le sable comme les voitures, les jours de pluie, un sempiternel tournoiement ressemblant au manège de la c… p…