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9 septembre. — Cela m’a rendu rêveur. Hier nous étions au Jardin des plantes. Un hoko a coursé et pouillé, devant nous, un oiseau plus petit et cent fois plus faible que lui, une Pénélope, je crois. Il l’a, à peu près, tuée, puis est demeuré dans une vigilance assassine près du malheureux volatile, qui essayait de le désarmer, en faisant le mort.

Alors j’ai songé à tous ces blagueurs qui soutiennent que la nature est la leçon et la source de toute bonté. La bonté ! mais c’est une création de l’homme, et sa plus grande, et sa plus merveilleuse, et sa plus divine, dirais-je par habitude — une création contre nature.

— C’est une chose curieuse que les trois grands peintres français du XVIIIe siècle : Watteau, Chardin, La Tour, soient les trois seuls peintres du temps qui n’aient point été en Italie.

— On dit que le maréchal Vaillant a la manie de faire des vers latins, qu’il fait faire par Frœhner — qui les lui fait faux.

Lundi 10 septembre. — Dîner Magny.

Sainte-Beuve se soulève contre la providence des choses, des hommes, de l’histoire. Il proclame l’histoire une suite d’accidents, à l’encontre de Renan et de Berthelot, qui soutiennent qu’il y a des lois des