Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/304

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mune. Tout à coup son langage se brouille et se hollandise, ses paroles deviennent bizarres, incohérentes… Il y est question d’agents de Louis XVII, de choses horribles dont le peintre aurait été témoin… Il se lève, comme mû par un ressort : « Voyez-vous, une électricité vient de passer à côté de moi, » — et il fait, avec sa bouche, l’imitation d’une balle qui siffle…

Le soir, Verlaine confesse une chose incroyable. Il déclare qu’il a dû combattre et empêcher une proposition qui voulait se produire : — une proposition demandant la destruction de Notre-Dame-de-Paris.

Vendredi 5 mai. — Je vois un magasin de la rue Saint-Honoré, qui commence à couvrir ses glaces de bandes de papier collé. Cela m’est expliqué par le voisinage de deux canons… Il me semble apercevoir une partie de la grille de la colonne Vendôme déjà détruite.

L’avachissement, l’indifférence de cette population vivant sous la main de cette canaille triomphante, m’exaspère. Je ne puis, sans entrer en rage, la voir continuer, sa vie badaudante. Que de ce vil troupeau d’hommes et de femmes, il ne sorte pas une indignation, une colère qui atteste le sens dessus dessous des choses humaines et divines ! Non, Paris a tout simplement l’aspect d’un Paris, au mois d’août, par une année très chaude. Oh ! les Parisiens de maintenant, on leur violerait leurs femmes entre les