Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/308

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La sonnette, la sonnette au tintement argentin de la messe, annonce que la séance est ouverte.

À ce moment surgit dans la chaire, une barbe blanche, qui, après s’être gargarisé avec quelques phrases puritaines, demande à l’assemblée de voter la proposition suivante : « Les membres de l’Assemblée nationale, et aussi bien Louis Blanc, Schœlcher, que les autres, les membres de l’Assemblée nationale, ainsi que les autres fonctionnaires, sont déclarés responsables, sur leur fortune privée, de tous les malheurs de cette guerre, et tout autant pour ceux qui périssent du côté de Versailles, que du côté de Paris. En sorte, dit-il, en entrant dans des explications, qu’un représentant de province sera très désagréablement surpris, quand le paysan, chez lequel on aura rapporté le corps de son fils, viendra lui réclamer, sur sa fortune, la pension qui lui est due. » La proposition mise aux voix n’est pas votée, je ne sais par quel empêchement.

À la barbe blanche succède un pantalon gris-perle qui déclare d’une voix rageuse, que pour vaincre, il n’y a que la terreur. Il réclame, celui-là, l’installation d’un troisième pouvoir, d’un tribunal révolutionnaire, avec la roulée immédiate sur la place publique de la tête des traîtres. La proposition est frénétiquement applaudie par une claque, groupée sur les chaises autour de la chaire.

Un troisième prédicateur, qui a toute la phraséologie de 93, apprend qu’on a trouvé 10 000 bouteilles de vin chez les calotins du séminaire de Saint-Sul--