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contait aujourd’hui que sa charmante tante, Mme Camille Marcille, lors de l’entrée des Prussiens à Chartres, avait passé, avec ses trois filles et deux nièces, deux jours dans la cathédrale. Tout ce petit monde féminin y mangeait, y couchait.

Samedi 24 juin. — Départ pour la Comerie avec Lefebvre de Béhaine. En chemin, revue des morts de notre connaissance… Un aimable type de vieil homme distingué. Un vieillard, vivant au milieu de deux corps de bibliothèque, renfermant deux cent mille francs de plaquettes reliées par Bauzonnet, avec toujours sous les yeux, quelque mois de l’année qu’il fût, un bouquet de roses, avec toujours à la portée de la main une boîte de porcelaine de Saxe, contenant du tabac, comme lui seul avait le secret d’en avoir à Paris. Ce vieil homme distingué était le comte de Lurde.

Lundi 26 juin. — … Au château de Sancy, la première chose qui me saute aux yeux, est le cadre vide de la Parabère, du beau portrait de la célèbre maîtresse du Régent, peinte par Rigaud. On a craint la passion déménageante des Prussiens.

Mme de Sancy-Parabère nous parle de l’Empereur, de l’Impératrice, de leur résidence, où ils sont obligés de faire faire un lit pour le visiteur qui s’attarde. Elle nous dit l’impénétrabilité flegmatique de l’Em-