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17 octobre. — Notre dîner de Brébant commence à être complètement abêti par l’élément grammairien, qui y a trop de coudes à table.

Un joli mot de Saint-Victor à propos de l’éducation universelle : « F… pour moi, j’aime mieux un homme élevé par une ballade que par la prose de Timothée Trimm ! »

Quelqu’un fait la remarque que les Allemands contemporains qui ont toutes les sciences, manquent absolument de celle de l’humanité, qu’ils n’ont pas, à l’heure qu’il est, un roman, une pièce de théâtre.

18 octobre. — L’affusion froide a un effet instantané sur le moral. Elle le relève et le décide à l’activité, quand il se sent vaincu par le manque de vouloir. Après la pluie, on fait ce qu’on a à faire.

Je tombe sur Flaubert, au moment où il part pour Rouen : il a sous le bras, fermé à triple serrure, un portefeuille de ministre, dans lequel est enfermée sa Tentation de saint Antoine. En fiacre, il me parle de son livre ; de toutes les épreuves qu’il fait subir au solitaire de la Thébaïde, et dont il sort victorieux. Puis, au moment de la séparation, à la rue d’Amsterdam, il me confie que la défaite finale du saint est due à la cellule, la cellule scientifique. Le curieux, c’est qu’il semble s’étonner de mon étonnement.

Dimanche 22 octobre. — Saint-Gratien. Théo se