Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/98

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église de Saint-Cloud semble couronner Boulogne.

Le ciel est cendré de pluie, les coteaux carminés et verts apparaissent, peints de couleurs dures, avec des effacements aux endroits de brouillard, ressemblant aux gouaches de Houel, qui ont eu le frottement des cartons des quais, et la salpêtrisation de l’exposition en plein air. La masse grise du château de Saint-Cloud transparaît à travers le voile blanchâtre de fumées légères. Je marche dans le merveilleux paysage qu’a fait l’abatis. Qu’on se figure un immense champ de broussailles rouillées, au milieu desquelles les troncs et les ramures survivantes ont la couleur d’arbres de bronze vert.

Là-dessous, le fouillis et le pittoresque architectural de cabanes en terre moussue, de huttes en rameaux de sapins encore verts, d’abris de branchages desséchés de la couleur du raisin de Corinthe, de tentes de toile grise, surmontées de fumées azurées, de loques de toutes les nuances séchant sur des ficelles, de pantalons rouges de troupiers, éclatant dans cette harmonie nuée, comme des coups de pistolet de vermillon.

Sur la route, il passe toutes sortes de véhicules : des trains d’artillerie portant debout sur leur tapage, de crânes hommes, et des voitures, où l’on voit un monsieur qui emporte, sur son poing, une chouette empaillée.

Je gagne Boulogne. La rue est encombrée de soldats de ligne, qui, assis sur des caisses de biscuit, barrent la rue. Il pleut. Des soldats se sont fait