Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Souabe. L’eau est claire d’une clarté légèrement savonneuse, et la terre est l’amie des essences rares, des arbustes à fleurs, des arbres au feuillage pourpre, au feuillage panaché, et cette verdure et cette floraison poussent dans l’eau.

Puis ici, le paysage a une luminosité particulière. Des reflets de cette étendue immense d’eau, comme des reflets d’un miroir frappé de soleil, la rive, les arbres, la villa, sont tout brillantés des éclairs d’une lumière courante.

Dimanche 19 juillet. — Hier, le comte de Banneville prenait sa place, à l’Hôtel de Bavière de Lindau, pour le souper. Deux Allemandes surviennent. Le garçon d’hôtel leur indique leurs places, à côté du jeune secrétaire d’ambassade : « Près d’un Français, nous ne voulons pas être empoisonnées ! » s’écrie tout haut, l’une d’elles en français. Et ces femmes étaient des femmes de la société.

Cette brutalité, peut mieux que toute chose, indiquer l’exaspération haineuse de l’Allemagne pour la France.

Mardi 11 août. — Le jeune comte de Balloy est venu passer deux ou trois jours ici, avant de se rendre en Perse, où il est nommé second secrétaire.