Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/207

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porte de notre loge, dans le corridor, une femme de la dernière élégance, assise sur une marche d’un escalier, et qui écoutera sur cette marche les deux discours.

Nous avons croisé, en entrant, le maréchal Canrobert, et la première personne, que nous apercevons dans la salle, est Mme de La Valette, et partout ce sont des hommes et des femmes du plus grand monde. Une remarque. Chez les femmes assistant à cette solennité, règne une certaine gravité de toilette, une couleur assombrie de bas bleu dans les robes, parmi lesquels éclate, par ci par là, le manteau de velours violet garni de fourrures de la superbe Mme d’Haussonville, ou détonne le chapeau extravagant de quelque actrice.

Le monde intime de la maison, quelques hommes et les femmes des académiciens, sont ramassés dans l’espèce d’enceinte d’un petit cirque, défendu par une balustrade. À droite et à gauche, sur les deux grandes tribunes en espalier, sont étagés, dans du drap noir, les membres de toutes les académies.

Le soleil, qui s’est décidé à luire, éclaire des visages où toutes les lignes remontent en l’air, en ces courbes, par lesquelles on représente dans les têtes d’expression, la béatitude. On sent chez tous les hommes une admiration préventive, impatiente de déborder, et les femmes ont quelque chose d’humide dans le sourire.

La voix d’Alexandre Dumas se fait entendre. Aussitôt c’est un recueillement religieux, puis bientôt