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petits verres, qui ne trouve plus dans son gousset les trois sous, pour continuer à aimer la vie.

Le soir, on me présente le docteur Albert Robin. Il me dit que le premier roman qu’il a lu, est Sœur Philomène, et que cette lecture avait peut-être eu une influence sur sa carrière. Il ajoute qu’il avait rencontré une sœur Philomène à l’hôpital, qu’elle avait épousé un de ses amis, qui est mort de phtisie, il y a quelques années. Mais il affirme que c’est un fait très rare.

Nous causons sur la laïcisation. À ce sujet, il me conte l’anecdote suivante. Il surprend une surveillante, en flagrant délit avec un interne dans son cabinet, il demande son renvoi, rencontre une certaine opposition, menace de faire du bruit, obtient à la fin ce changement, mais il apprend que sa surveillante a été placée dans un autre hôpital, avec 100 francs d’appointements d’augmentation.

Mercredi 20 janvier. — Paul Baudry a été tour à tour Corrégien, Véronésien, mais n’a jamais eu de signature à lui, en dépit d’un tempérament de vrai peintre. Un pastiche du plus grand talent, presque de génie, son plafond de la Païva, qui semble le plafond de la « Venise Triomphante » copié par un Lemoine. Quant à ses peintures de l’Opéra, c’est pour moi l’application discordante du contour michelangesque sur le type de la cocotte de la rue Saint-Georges.