Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/133

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ner une indigestion. Malheureusement cette amoureuse ou cette dévouée avait, tous les ans, des attaques de catalepsie, qui lui duraient deux ou trois jours, attaques que Servin attendait, comme les musulmans attendent la fin du rhamadan, et pendant ces jours, il disparaissait de la maison, et se flanquait une cuite de quarante-huit, de soixante heures, au bout desquelles, la pauvre femme allait le ramasser, plus mort que vif, chez quelque marchand de vin.

Or l’année dernière, elle eut une attaque, dans laquelle elle tomba, le poignet lui fermant la bouche et l’étouffant… Alors cette fois, ç’a été chez Servin, une saoulerie illimitée, terminée par la mort.

Samedi 17 avril. — À moi qui, depuis vingt ans, crie tout haut que, si la famille Rothschild n’est pas habillée en jaune, nous serons, nous chrétiens, très prochainement domestiqués, ilotisés, réduits en servitude, le livre de Drumont m’a causé une certaine épouvante, par la statistique et le dénombrement des forces occultes de la juiverie.

Drumont dit quelque part, que lorsque nous avons publié Manette Salomon, le mot d’ordre avait été donné dans la presse juive, de garder à tout jamais le silence sur nos livres. Cette assertion, qu’elle soit fausse ou imparfaitement vraie, me fait toutefois réfléchir, et aujourd’hui, cet éreintement impitoyable de Manette Salomon, par Wolff, que je croyais seule-