Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/164

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Et je vais l’attendre dans sa loge, où il m’a promis de venir, et où il ne vient pas.

Une salle intéressante pour l’observateur. Une salle qui n’ose ni rire, ni applaudir. Des entr’actes où l’on n’entend ni parler, ni remuer, ni souffler même : une salle en pénitence, un monde consterné, appréhendant de se livrer à la moindre manifestation de vie quelconque, comme si on allait le gronder. C’est vraiment beau, le manque de jugement personnel du Parisien éclairé, asservi absolument au jugement du journal qu’il lit.

Samedi 20 novembre. — Jour de ma fête. Ce soir, à l’Odéon, avec les Daudet. Salle presque vide. Daudet va trouver Porel et me le ramène. Il se montre charmant, caressant, parle de l’intention qu’il a de reprendre, dans le courant de l’année, Henriette Maréchal. On ne peut, n’est-ce pas, continuer à lui demander de jouer une pièce, qui a fait 700 francs hier, 1 000 francs aujourd’hui, et où il n’y a aucune location d’avance.

Mardi 23 novembre. — Sarcey, à ce qu’il paraît, a reçu des lettres qui lui reprochent d’avoir trop violemment éreinté Renée Mauperin, et loué extravagamment le Père Chasselas. Il s’excuse en disant,