Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/168

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Et je vais à la nouvelle salle. Oh ! les Enfants d’Édouard, quelle peinture de paravent ! Et la pauvre chlorotique peinture métaphysique d’Ary Scheffer ! Et le portrait de M. Cordier par Ingres, et ce bon dessin rond et bêta, sans jamais aucun ressentiment, de ce dessinateur impeccable, qui, dans cette salle, donne un goitre à Angélique, et estropie, dans un dessin inénarrable, la cuisse gauche de sa baigneuse.

En fait de portraits, un beau portrait de Napoléon au pont d’Arcole, par Gros, délavé dans cette huile couleur d’ambre, qu’affectionnait la peinture de Rubens, et le portrait de Denon par Prud’hon, d’un merveilleux modelage, et dont la pâleur rosée a quelque chose de la fleur d’un pastel.

De Delacroix, une fière esquisse de lui-même, et son Dante et Virgile, avec l’admirable torse du damné verdâtre, flottant sur les ondes noires.

Un étonnant paysage de Rousseau : le Marais dans les Landes, paysage qui fait paraître simplement gentillets les paysages de Daubigny, de Troyon et autres. Corot perdant beaucoup, et montrant le procédé et la blague idyllique de la nature. C’est du paysage parfois bon à encadrer les paysans de George Sand. Et c’est, je crois, tout.

Vendredi 10 décembre. — Aujourd’hui Renée Mauperin disparaît de l’affiche, aujourd’hui commencent