Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/190

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Dimanche 13 février. — Dîner chez les Charpentier. Macé, l’ancien chef du service de sûreté, au regard à la fois fuyard et interrogateur sous ses lunettes. Un amusant causeur sur les voleurs, sur les voleurs de la société, dont il dit qu’il y en a tant dans les rues de Paris, qu’il habite la campagne, pour ne pas les y rencontrer.

Et il parle des gens de finance, à éclipse dans les prisons, nous en citant un, sans le nommer, qu’il faisait mettre à Mazas, et qu’il retrouvait, quelque temps après, à un dîner du ministère, à la droite du ministre, et de là, lui envoyant un petit signe bienveillant de protection ; nous citant un autre, qui, dans ses passages à travers deux ou trois prisons, avait fait décorer de décorations étrangères, tous les directeurs et gros employés.

Lundi 14 février. — Aujourd’hui, répétition de Numa Roumestan, répétition qui ne laisse pas un moment douter d’un grand succès.

Et nous voilà, avec Daudet, dans la loge de Sisos essayant ses robes, en compagnie de Doucet, ce couturier, délicat et intelligent collectionneur ; dans la loge de Cerny, dévêtant son svelte, et fantaisiste costume de petit mitron ; dans la loge de Mounet, tapissée de lambeaux d’affiches en pourriture, avec un étal sur une planche de pots pour le maquillage de l’artiste, semblable à l’appareillage de couleurs