Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/192

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m’empêcher de lui dire, que je m’étonne du manque absolu d’observation de ces gens, qui en ont autant besoin que nous, et que je ne peux comprendre, comment un acteur, appelé à jouer Numa Roumestan, n’a pas eu l’idée d’assister à une ou deux séances de la Chambre, ou du moins d’aller flâner à la porte, et de regarder un peu l’humanité représentative.

Au premier acte, tout le rôle de Mme Portal ne porte pas, et je sens le trac de Mme Daudet, qui est devant moi, dans le travail nerveux de son dos. Mais le public est empoigné au second acte, et le succès va grandissant, et tourne au triomphe à la fin de la pièce.

Mercredi 16 février. — Je trouve la princesse, qui est un peu souffrante, exaspérée contre Taine, à propos de son article sur Napoléon Ier, qui vient de paraître dans la Revue des Deux Mondes. Elle s’indigne de l’accusation portée par l’écrivain, contre Mme Lætitia, d’avoir été une femme malpropre, et s’écrie : « Eh bien je ferai cela… j’ai une visite à rendre à Mme Taine… je lui mettrai ma carte avec P. P. C… oui, ce sera prendre à jamais congé de lui. »

Ah ! le théâtre ! Je croyais à un incontesté succès de Numa Roumestan, et voici qu’en dépit des applaudissements d’hier, de la critique élogieuse de ce matin, Ganderax qui, certes, n’est pas hostile à Daudet, me fait part de l’attitude un peu réservée de la