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ennuyés de regarder ce qu’ils ont sous les yeux, je veux que chacun de mes objets, apporte à un acquéreur, à un être bien personnel, la petite joie que j’ai eue, en l’achetant.

Mercredi 6 avril. — Ce soir, en prenant un coupé à Passy, pour aller dîner chez la princesse, je rencontre le jeune Montesquiou-Fézensac, dans la correction d’une de ses toilettes suprêmement chic, et tenant à la main une sorte de paroissien. Il me tend le petit livre très bien relié, et me dit : « Regardez quel est mon bréviaire… et certes je ne croyais pas vous rencontrer ! »

Le petit livre est une Madame Gervaisais de la petite édition Charpentier : un léger dédommagement de tous les échecs de ces temps.

Dimanche de Pâques, 10 avril. — Au fond c’est dur de n’avoir pas une oreille, un cœur de femme intelligente, pour y déposer ses souffrances d’orgueil et de vanité littéraire.
 

Tout manque, tout casse, tout croule. Ç’a été un peu comme ça, tout le long de ma carrière littéraire, mais dans ce moment-ci vraiment la malechance a pris des proportions grandioses, une intensité suicidante.