Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/238

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dans mon rêve, il y avait des trous, des lacunes comme dans le livre de Pétrone, où il manque des morceaux du texte.

Jeudi 29 décembre. — Daudet, avant l’arrivée du monde du jeudi, me contait des incidents bizarres, comme tout arrangés pour de curieux mémoires.

C’est ainsi qu’il avait acheté à Munich, trois petits chapeaux en drap vert, et dont il avait fait cadeau d’un à Bataille, à Bataille, dit-il, qui me ressemblait en charge. Or, un jour qu’ils faisaient une grande course aux environs de Meudon, Bataille se laissait aller à lui dire, que son père était un alcoolique, qui s’était noyé dans une mare de purin, et lui demandait qu’il l’empêchât de boire, parce qu’il sentait qu’il mourrait dans de la m… Et pendant qu’il lui faisait ses confidences sur ses commencements de déraison, avec sur la tête un des trois chapeaux verts, l’oiseau du chapeau était si comiquement placé, et le faisait si macabrement drolatique, que Daudet partait d’un éclat de rire nerveux, qu’il ne pouvait arrêter.

Le second chapeau vert était donné à du Boys, garçon doux et tranquille, qui, un jour, venait conter à Mme Daudet des choses d’une violence terrible, coiffé de ce chapeau.

Enfin le troisième chapeau était donné à Gill le caricaturiste.