Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

anges coloriés d’églises et de fausses poteries étrusques.

Les boulevards ont fait plus que de perdre leur caractère d’exposition permanente de la curiosité, ils ont pris un aspect provincial, avec leurs pauvres petites boutiques de modes, leurs salons de coiffeurs, tels qu’on en voit dans les plus misérables sous-préfectures, leurs marchandes de lainage, de corsets à 2 fr. 25, dont l’étalage se répand sur le pavé. Je remarque un certain nombre de papeteries et de miroiteries, où, aux photographies de toutes les actrices de Paris, sont jointes des peintures à l’huile anacréontiques, représentant de petites femmes nues, et qui coûtent de 5 à 6 francs. C’est aujourd’hui le grand commerce de ce boulevard.

Puis des industries à la fois hétéroclites et locales, des boutiques, sur lesquelles se voit : Ressemelage américain en 30 minutes ; des boutiques de lunettes d’approche et d’instruments de mathématiques d’occasion, affichant sur leur auvent : Achat de reconnaissances du Mont-de-Piété ; des boutiques de cordes et de poulies pour balançoires et trapèzes, des boutiques de boissellerie, qui se chargent de la réparation des tamis, etc., etc.

Et j’allais quitter le boulevard du Temple, quand en face du Café Turc, je m’arrêtai, un moment, devant le no 42, la maison à la petite porte cochère basse, où demeurait autrefois Flaubert, la maison aux bruyants déjeuners du dimanche, et où dans les batailles de parole et les violences du verbe, la spi-