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« Il est ouvert, il parle, il dit ce qu’il a sur le cœur ; il n’est pas comme les autres princes, qui ont toujours l’air d’avoir quelque chose à cacher ! »

Mardi 13 mars. — Aujourd’hui mon portrait est fini. Raffaëlli n’a mis que vingt jours après cette grande machine, et il faut convenir qu’après mille changements, mille métamorphoses, mille traverses, le portrait a de très grandes qualités.

À la minute précise, où le dernier coup de pinceau est donné, Raffaëlli paraît envahi par une joie exhilarante, qui débonde en un tas de confessions pour moi seul, pour moi seul, et sans faire attention à ce qu’il fait, il mange, il mange, et il boit, il boit du vin de toute couleur, et un tas de petits verres, — me confessant qu’après la confection de ses grandes machines, il est ainsi pris d’une sorte de folie.

Je vais ce soir chez Daudet, pour la répétition de la pantomime de Margueritte, et de la pièce de Bonnetain, qui doit être jouée par Antoine. Tout est à vau-l’eau. Une opération faite au cousin Montégut à Saint-Jean-de-Dieu, à la suite de laquelle on a cru le perdre, a fait tout remettre.

Bonnetain est venu avec sa pièce, et Daudet lui fait lire. Elle est très originale. C’est le contrecoup d’un divorce, qui empêche le fils des divorcés de faire un mariage, selon son cœur, et cela entremêlé de scènes entre le père et la mère très bien faites, et