Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/267

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le succès d’une pièce, son idée serait qu’elle ne fût jouée que quinze jours, quinze jours au bout desquels, l’auteur serait libre de la porter sur une autre scène.

Quant à lui qui continuerait à jouer, il ne demanderait qu’un traitement de douze mille francs, gardant jalousement la direction littéraire, mais abandonnant la direction financière à un comité.

Et il plaisantait sur le fauteuil d’un abonné, payé cent francs, et qui, avec un peu de chance venant à l’entreprise pourrait donner deux ou trois cents francs de dividende.

Il y a vraiment là, une idée neuve, originale, très favorable à la production dramatique, une idée digne d’être encouragée par un gouvernement.

Et il fait vraiment plaisir à entendre, cet Antoine, avouant avec une certaine modestie, qu’il y a beaucoup d’engouement à son égard. On sent à ses yeux brillants, hallucinés, qu’il croit à son œuvre, et il y a du convertisseur dans ce cabotin, qui à l’heure qu’il est, a complètement conquis à ses idées, son père, un vieil employé de la Compagnie du gaz, où était également le fils, — son père, dans le principe, tout à fait rebelle à ses essais dramatiques.

Dimanche 8 avril. — Ce matin, Voillemot, ce peintre que je n’ai pas vu, je crois bien, depuis vingt-cinq ans, tombe chez moi, avec sa tignasse rutilante