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voudrais écrire sur l’Art Japonais un livre dans le genre de celui que j’ai écrit sur l’Art du dix-huitième siècle, un livre moins documentaire, mais un livre encore plus poussé vers la description pénétrante et révélatrice des choses.

Et ce livre je le composerai de quatre études : une sur Okousai le rénovateur moderne du vieil art japonais ; une sur Outamaro, le Watteau de là-bas, une sur Korin, et une autre sur Ritzono, deux célèbres peintres et laqueurs.

À ces quatre études, je joindrai peut-être une étude sur Gakutei, le grand artiste des sourimonos, celui qui dans une délicate impression en couleur, sait réunir le charme de la miniature persane et de la miniature du moyen-âge européen.

Quelqu’un conte qu’hier, il est entré chez une fleuriste du boulevard, et qu’un bouquet qu’il trouvait joli, on lui a fait tout bonnement cinq cents francs.

Dimanche 10 juin. — On causait dans la journée, de Jules Breton, le peintre et le poète, qui a une propriété dans les environs d’ici. Une curieuse remarque à son sujet. Il peut faire de la peinture dix heures de suite, sans fatigue, tandis que lorsqu’il cherche des idées, des expressions, des mots, il est aussitôt pris de vertiges, de troubles de l’être, qui l’ont fait, depuis des années, renoncer à la poésie.