Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elles ont encore à attendre, pour se marier. Jeanne Hugo me montrant sa main ouverte, où il y en avait deux, me dit : « Dans deux ans ! » et je crois, en me disant cela, qu’elle regarde Léon Daudet.

Jeudi 29 novembre. — Aujourd’hui, à la mairie des Batignolles, dans un conseil de famille, convoqué par Mme de Nittis, je suis près de Claretie, qui veut bien me dire que je devrais faire une pièce tirée de Chérie, que c’est tout à fait un tableau du monde, et comme je lui répondais que je ne voyais pas de pièce dans le roman, et que j’ajoutais, que j’avais été au moment de lui présenter la Patrie en danger, il me faisait cette objection : « Il y a, voyez-vous, dans votre pièce, l’acte de Verdun… c’est grave pour un théâtre de l’État… au Théâtre-Libre, c’est autre chose, et ça se comprend très bien, qu’Antoine vous joue. » Aurait-il, quand je l’ai fait tâter par Febvre, pris conseil du ministère, d’après le ton qu’il a mis à ses paroles ?

Vendredi 30 novembre. — Répétition à l’Odéon.

Des décors impossibles. Dans la chambre de Mlle de Varandeuil, une fenêtre à guillotine, comme on en trouverait seulement à Londres. Une crémerie, si fantastique, qu’elle semble une crémerie des Pilules du diable.

On dirait vraiment que les décorateurs ferment