Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/47

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charger d’écrire l’introduction, je lui dis qu’elle était bien bonne de chercher un biographe de son oncle, elle qui avait été élevée par lui, et dont toute la vie s’était passée, pour ainsi dire, à ses côtés. Aujourd’hui, elle vient me lire sa notice, et la biographie de Flaubert est vraiment toute charmante dans son intimité, avec les détails de l’influence d’une vieille bonne, du conteur d’histoires Mignot, avec l’intérieur un peu sinistre de l’habitation à l’hôpital de Rouen, avec l’existence à Croisset, avec les soirées dans le pavillon du fond du jardin, se terminant par cette phrase de Flaubert : « C’est le moment de retourner à Bovary ! » phrase qui faisait naître dans l’esprit de l’enfant, l’idée d’une localité, où son oncle se rendait la nuit.

La fin du travail est bien un peu écourtée. On sent la fatigue d’une personne, qui n’est pas habituée à écrire, et qui en a assez au bout d’un certain nombre de pages. Je l’ai poussée à reprendre cette fin, et à l’étoffer un peu, surtout dans les années malheureuses, où la vie de l’écrivain est complètement remêlée à la sienne.

L’histoire que Daudet fait de ses livres me fait penser qu’il y aura, un jour, pour un amoureux de notre mémoire, une jolie et révélatrice histoire de nos romans, depuis la première idée jusqu’à l’apparition du livre, en cueillant dans notre Journal, tout ce qui est relatif au travail et à la composition de chacun de nos bouquins.

Ce soir, je dîne avec Drumont, qui, à propos des