Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/57

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vieux cheval de fiacre, pour qu’elle marche, pour qu’elle exécute ce qu’elle a résolu : il lui faut des excitations, des « hue cocotte ! » des coups de fouet.

Mardi 16 juin. — Causerie chez Brébant sur les poisons, et la nécessité d’avoir à sa disposition, en des temps troubles, comme celui-ci, la mort en poche. On s’entretient d’une société à la fin du dix-huitième siècle dont tous les membres, desquels était Condorcet, portaient dans le chaton d’une bague ou le gousset de leur gilet, la dose de néant, qu’il fallait pour les cas imprévus et les fins de vie déshonorantes.

Jeudi 18 juin. — Pélagie revenant de chez Malhéné, me jette de la porte : « Il faut demain que Blanche entre à l’hôpital… il faut qu’elle soit demain à huit heures, au parvis Notre-Dame. »

Ce soir, avant dîner, en descendant au jardin, j’aperçois, par la porte entre-bâillée, la pauvre enfant frottant quelque chose, de toutes ses débiles forces :

— Qu’est-ce que tu fais donc là ?

— Je fais mes bottines pour demain… pour l’hôpital.

Je me sauve au jardin, pour que la pauvre petite