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artistiques de tentures et de meubles, des coloriages d’intérieurs de civilisations décadentes.

Bourget vient aujourd’hui au grenier, et se met à conter, pittoresquement, l’intérieur de Nicolardot, vivant dans la mansarde d’une maison de passe, d’une des rues du quartier Latin.

Là dedans, entre un lit, une chaise et une table, trois uniques objets : 1o une malle, où sont collectionnés tous les articles, où on le traite de drôle, et qu’il relit pour s’exalter ; — 2o une forme pour ses souliers que déforment ses monstrueux oignons, et qu’un cordonnier charitable lui a donnée ; — 3o une petite boîte en fer-blanc, dans laquelle il va chercher son manger chez un rôtisseur du quartier, selon le jour — et il possède parfaitement cette notion — selon le jour, où le rôtisseur d’à côté sert une plus grosse portion, que le rôtisseur de la rue voisine.

Une seule fois dans sa vie — c’est lorsqu’il a publié son Voltaire — il a eu un peu d’argent dans sa poche, et sait-on la première fantaisie qu’il s’est donnée ? Une bague d’évêque qu’il portait avec ostentation orgueilleuse. Il faut se rappeler qu’il a été renvoyé du séminaire pour orgueil.

De l’être hétéroclite, encore une bizarrerie : son catholicisme est entremêlé d’une curiosité des choses obscènes, de recherches laborieuses sur les hermaphrodites, sur les pédérastes, etc., etc.

Mardi 3 novembre. — Premier dîner de rentrée de