Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/129

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fait par les Femmes de France pour soigner les malades, les blessés, et la bête voudrait y aller ! » Oui, c’est vraiment positif, au fond le scientifique est devenu le goût de toutes les intelligences, depuis les plus hautes jusqu’aux plus basses, et ne voilà-t-il pas une pauvre petite créature, qui au lieu de couper des romans au bas des journaux, coupe des articles de science, et a l’envie passionnée d’aller à un cours médical, comme autrefois l’une de ses pareilles avait l’envie d’aller au bal.

M. Groult vient me voir, le dessin d’un quelconque par Gavarni, sous le bras, et je lui apprends à son grand étonnement que c’est le dessin de son ami Tronquoy, costumé en patron de barque, que j’ai vu des années, dans sa chambre, et que j’ai même décrit dans mon livre sur lui. Et là-dessus comme il me parle d’un délicieux dessin qu’il vient d’acquérir, dessin représentant un vieillard au milieu d’objets d’art, prenant une prise de tabac au coin de sa cheminée, et dont il ignore le nom, je lui dis : « Ça doit être ça, » et je lui tends le premier volume des Mémoires du baron de Besenval, où il y a en tête une vignette de son portrait dans son cabinet, d’après Danloux. Et c’est ça !

Au bout d’une causerie sur l’art qui lui apporte une espèce d’enivrement, s’arrêtant au milieu de l’escalier qu’il descend, et renversé sur la rampe, en face d’un dessin de Watteau, représentant : Le Printemps, peint par le maître dans la salle à manger de Crozat, les yeux tout ronds, le bout du nez