Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/141

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Des dessins très exacts, très rigoureux, donnant le cailloutage de ce pays de montagne, le piétinement des terrains par les troupeaux de moutons, la verdure émeraudée de l’herbe au printemps, le desséchement violacé des fonds de torrents, les silhouettes de candélabres des grands oliviers. Il y a de jolies colorations d’intérieurs aux grandes baies de verre, aux petits châssis de plomb, entre autres un intérieur d’Hérode avec sa femme. Un dessin d’un grand caractère est l’interprétation de la parole : « Vous suivrez un homme qui porte une cruche, » — un homme à la robe jaune, gravissant au jour tombant, la montée qui contourne le rempart, et qu’en bas du dessin, un apôtre désigne à un autre.

Il est des dessins d’apparitions dans de curieuses gloires fantastiques, dans des gloires qui ne pouvaient être entrevues, que par un spirite faisant de la peinture.

Mais les beaux, les touchants, les remuants dessins, ce sont les dessins du crucifiement, dessins très nombreux donnant presque, heure par heure, l’agonie du crucifié en haut du Golgotha, et les affaissements des saintes femmes, et l’étreinte amoureuse des bras de la Madeleine autour du bois de la croix.

Et à mesure que le drame se déroule, Tissot s’animant, s’exaltant, et toujours parlant avec une voix plus basse, plus profonde, plus religieusement murmurante, prête aux choses représentées, des sentiments, des idées, des exclamations qui feraient