Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/144

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il m’a lu son premier acte en chemin… il y a bien eu à travers la lecture, quelques cahots… Tenez, le voilà qui m’attend pour me lire le second acte, en me reconduisant aux Variétés. » Et elle disparaît en pouffant de rire.

Dimanche 9 février. — Aujourd’hui, j’ai donné à Ajalbert l’idée de faire une pièce de la Fille Élisa, dans ces conditions. Pas la plus petite scène de la maison de prostitution. Un premier acte, qui est tout bonnement dans le cimetière abandonné du Bois de Boulogne, l’assassinat du lignard par la fille. Et le lignard doit être un Dumanet ingénu et mystique, pour la composition duquel, je lui recommande de se remettre sous les yeux le jeu et la physionomie de l’acteur Burguet, dans la Lutte pour la Vie.

Le second acte, le clou de la pièce, et dont la connaissance qu’il a du Palais, m’a fait adresser à lui, Ajalbert, à la fois un littérateur et un avocat, commence au moment, où le Président dit : « Maître un tel, vous avez la parole… » C’est donc dans une plaidoirie et une défense d’accusée, qu’est toute l’exposition de la vie de la femme — et ceci est pour moi une trouvaille originale — puis la condamnation à mort, comme elle l’est à peu près dans mon livre.

Le troisième acte est à chercher dans la prison pénitentiaire, mais sans la mort. Je le verrais volontiers avec cette fin. La femme montée sur un tabou-