Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/183

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Le jour tombé, il ne lisait pas, aux lumières, une ligne d’un journal, une ligne même d’une lettre : il la mettait dans sa poche, disant qu’il la lirait le lendemain. Et Mme Lockroy, nous racontait, ce soir, qu’au commencement de la guerre, où tout le monde haletait après les nouvelles, un jour de brouillard, où les journaux étaient arrivés à la nuit, et où on se les arrachait, il n’avait touché à aucune des feuilles éparses devant lui, demandant qu’on lui racontât ce qu’il y avait dedans.

Samedi 4 octobre. — Un conte fantastique à la Poe à faire avec ceci. On a calculé qu’avec l’aurification des dents, générale chez tout le monde aux États-Unis, il y avait 750 millions d’or dans les cimetières. Supposons au bout de beaucoup d’années, où les millions seront changés en milliards, une crise financière, et la recherche impie et macabre de cet or.

Mardi 7 octobre. — Dîner avec un Russe, un chambellan de l’Empereur, qui affirme que Tourguéneff n’était pas un Russe sincère, qu’il jouait à Paris le nihiliste, tandis que là-bas, il se montrait un aristocrate renforcé. L’opinion de ce Russe, c’est que Tourguéneff n’a de valeur qu’en ces premiers ou-