Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/229

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besoin le matin d’assister à un enterrement à Paris, — c’était sans doute la préoccupation de l’enterrement de Banville. — En descendant l’escalier, pendant que je me demandais, où je pourrais trouver une voiture, je me rappelais qu’il me semblait avoir vu le bas de la maison occupé par un loueur. Et, en effet, comme si je l’avais demandé, au moment où je posais le pied sur la dernière marche, un vieux landau s’engageait à reculons devant moi, dans l’allée resserrée entre de hauts murs, et si étroite que je ne pouvais voir l’attelage, — et l’allée, longue, longue, ne finissait pas. Enfin, à la sortie de l’allée, alors que le landau tournait dans la rue, et que la portière m’était ouverte, je m’apercevais que le landau était attelé de huit cochons noirs, qu’avec de grandes guides, et un peu à la façon de la voiture des chèvres des Champs-Élysées, menaient deux hommes ayant, moitié l’aspect de postillons de Longjumeau, moitié l’aspect de toréadors. Et j’avais une terrible dispute avec ces hommes qui soutenaient que j’avais pris la voiture, tandis que moi, avec un peu de la lâcheté qu’on a dans les rêves, je m’excusais en disant, que j’avais cru que la voiture était attelée avec des chevaux, et que ce serait trop ridicule d’arriver à un enterrement devant la porte de l’église, avec un attelage comme le leur.

Au Grenier, on cause de Huysmans qui se dit malade, inquiété par des espèces d’attouchements frigides le long de son visage, presque alarmé par l’appréhension de se sentir entouré par quelque