Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sant mal les vers, n’ayant pas l’outil du poète ; il ajoutait qu’en prose, il était un prosateur difficile, laborieux, sans ampleur, sans flots, que l’auteur impeccable n’avait pas la plus petite chose de l’auteur impeccable, — mais ce qu’il possédait, ce Baudelaire, au plus haut degré, et ce qui le faisait digne de la place qu’il occupait : c’était la richesse des idées.

Vendredi 1er mai. — Dîner chez Jean Lorrain avec Huysmans, Bauër.

Huysmans porte sur lui le bonheur du succès de son roman : Là-bas ; et ce bonheur chez l’auteur d’ordinaire contracté nerveusement sur lui-même, se traduit par le gonflement dilaté d’un dos de chat, quand il ronronne.

Au milieu du dîner Bauër confesse le journaliste, dans cette phrase : « Quand j’ai un article, où je ne sais que dire, j’écris mes deux cents lignes… mais, quand j’ai un article que je sens, que j’ai dans les nerfs, je n’accouche jamais de plus de cent lignes. »

Lundi 4 mai. — Exposition de Carrière chez Boussod et Valadon.

Une première impression un peu cauchemaresque : l’impression d’entrer dans une chambre pleine de