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Enfin un grand déroulement du serpent, fait dans une lente exploration de sa cage, laisse voir la petite tête comme allongée, comme amaigrie de l’agneau… et l’on croit que le serpent va l’engloutir, cette fois, mais il passe à côté, et se coule, rampant à droite à gauche, par moments se dressant droit à une hauteur de trois ou quatre pieds, tout rigide, et surmonté de cette tête carrée, aux terribles protubérances des mâchoires, lui donnant, à contre-jour, l’apparence d’un formidable serpent d’airain.

Mais il est six heures. Voilà une heure et demie, que le boa cherche la tête de l’agneau, distrait, dit l’homme du Jardin des Plantes, par le monde qui l’entoure. Ça peut être encore long, ma foi, je m’en vais.

Mardi 16 juin. — Toutes les fois que j’ai été au Jardin des Plantes, j’ai été frappé de la rencontre, qu’on y fait de femmes, bizarres, originales, excentriques, exotiques, inclassables, et que le contact avec l’animalité de l’endroit semble disposer aux aventures de l’amour physique.

Aujourd’hui a paru Outamaro, le peintre des Maisons vertes.

Samedi 20 juin. — C’est étonnant comme la même situation, en des temps divers, donne lieu aux mêmes