Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/260

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Jeudi 2 juillet. — Dans la vie littéraire, il y a une chose délicate, c’est le contact avec les critiques éreinteurs : leur faire grise mine, ce n’est pas distingué, être aimable avec eux, ça a quelque chose de plat. Aussi je veux donner de mon journal, dans les volumes qui paraîtront encore, donner sur Sarcey et les autres, des extraits tels, que nous puissions nous donner entre gens similairement éreintés, des poignées de main, d’égaux à égaux.

Vendredi 3 juillet. — En littérature, je crois qu’il est possible à un homme, non doué littérairement, d’acquérir un certain tact de la matière. Mais en musique et en peinture, le non doué musicalement ou picturalement est condamné à n’avoir jamais le sentiment intelligemment raffiné de la musique ou de la peinture. Ce sont des choses si subtiles, qu’un son, qu’un ton. Et quant à la peinture, c’est de la blague : le sentiment, l’esprit, l’ingénuité, l’honnêteté, toutes ces qualités inventées par les Thiers, les Guizot, les Taine, tous ces professeurs de peinture qui n’auraient pas été foutus de reconnaître la plus ignoble copie d’un original. Il n’y a en peinture que la tonalité et la beauté de la pâte.

Samedi 4 juillet. — Dans une coupe à saké, en