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Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/266

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Mardi 14 juillet. — Une femme faisait, devant moi, la remarque que les ménages religieux ne procréaient jamais dans le carême, que leurs enfants dataient presque toujours des grandes fêtes, et qu’il y avait, à l’instar des œufs de Pâques, beaucoup d’enfants de Pâques.

Mercredi 15 juillet. — Aujourd’hui, il y a chez les Daudet, un grand dîner, où sont invités le ménage Zola, le ménage Charpentier, et Coppée.

Entre Zola. Ce n’est plus le dolent, le geignard d’autrefois. Aujourd’hui, il apporte dans sa marche, dans son verbe, quelque chose d’énergique, d’âpre, presque de batailleur. Et dans ses paroles revient, à tout moment, le nom de Bourgeois, de Constans, auxquels il a écrit, qu’il a vus, accusant chez lui un curieux envahissement de l’ambition politique.

Bientôt arrive Coppée, qui vient de Combs-la-Ville, d’un petit village de l’autre côté de la forêt de Senart, où il a loué cette année. Dans la peau tannée du poète, la clarté aiguë de sa prunelle à la couleur de l’eau de mer, donne à ce Parisien la physionomie d’un vieux loup de mer.

On s’est assis sur la petite terrasse, et l’on cause de la mauvaiseté de la jeune critique à notre égard. C’est l’occasion pour Zola de répéter sa phrase : « Qu’est-ce que ça fait les éreintements ? Qu’est-ce que ça fait ? Rien ! » Et il déclare, que quant à lui, ça