Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/297

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établissent le mystère, dont entouraient les marchandises d’art, les marchands des premiers temps. Et aujourd’hui encore chez le Japonais Hayashi, la vente se fait aux clients, dans une chambre à la porte fermée, et on ne peut absolument aborder Hayashi, qu’après ambassade. Et vraiment on serait tenté de lui dire : « Est-ce que vous fabriquez de la fausse monnaie ? »

Dimanche 6 décembre. — On parlait du besoin de mensonge qu’a l’homme, et non pas seulement dans le livre qu’il lit, mais même chez quelques-uns, dans l’exercice de la vie. À ce sujet Daudet racontait, que Morny ne voulait jamais recevoir, un malheureux, une femme vieille ou laide, faisant tout, dans sa fuite de la réalité, pour n’être pas ramené à cette réalité. C’était Morny qui disait au frère de Daudet, quand il faisait jouer l’Idole, pièce se passant entre des vieux : « C’est bien triste ! »

Rosny disait aujourd’hui, au Grenier, que d’après un travail assez sérieux, l’assassinat en moyenne ne rapportait guère que quinze francs, et que les scélérats anglais qui sont des gens pratiques, avaient absolument abandonné l’assassinat, pour le vol.

Mercredi 9 décembre. — Maupassant serait attaqué de la folie des grandeurs, il croirait qu’il a été