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assiettes de la Révolution. Je crois que dans la poterie de tous les peuples, depuis le commencement du monde, il n’y a jamais eu un produit si laid, si bête, si démonstrateur de l’état anti-artistique d’une société, réduite à manger dans ces assiettes la cuisine de la Cuisinière républicaine, qui se réduit uniquement en 1793, à l’Art d’accommoder les pommes de terre.

Jeudi 20 juin. — Aujourd’hui, le dix-neuvième anniversaire de la mort de mon frère.

Je ne sais, mais il me semble que le culte des morts s’en va, au milieu de la rigolade de l’Exposition. Montmartre, ce cimetière si fleuri, si plein de la pensée non oublieuse des survivants, prend un peu l’aspect d’un cimetière abandonné.

Vendredi 21 juin. — Déjeuner à Asnières, chez Raffaëlli, avec Geffroy, avec le ménage Gallimard, à l’effet d’ordonner et de régler l’illustration de l’édition de Germinie Lacerteux, tirée à trois exemplaires.

Le logis de Raffaëlli, une petite maison bourgeoise de banlieue, sans rien de la bibeloterie ou de la faïencerie ordinaire des ateliers, mais où est posé sur un chevalet, ou accroché, çà et là, aux murs pour la vue, dans un cadre joliment doré, un