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avec Alexis une douzaine d’huîtres, et elle est mangée, quand je vois poindre Méténier et sa maîtresse. Oh ! une charmante créature. Une jolie fille née à Séville, à la taille bien découplée, à l’air gentil et distingué. Un intelligent haut de tête, des yeux clairs et voluptueux, un petit nez droit, un grain de beauté jeté au beau milieu d’une joue rose.

Et dans ce dîner impromptu, Méténier, comme grisé d’avance par la représentation de tout à l’heure, et pris d’un débordement de paroles, se met à nous raconter sa vie en phrases coupées : « La petite Fleury, Marie Coup-de-Sabre de votre pièce… nous avons fait ensemble une misère… oh ! une misère ! où je me privais de cigarettes, pour qu’elle puisse manger… Et dire qu’à douze ans j’avais un domestique et un cheval… et qu’à quinze ans, je n’avais plus un sou… et qu’il fallait faire vivre une mère et un frère… et dix-huit cents francs, comme chien de commissaire de police, pour tout cela… »

La sonnette du théâtre coupe la monographie de mon collaborateur.

Premier acte, froid, très froid. Duflos fortement enrhumé.

Second acte. La scène d’amour conjugal qui remplit l’acte, scène un peu artificielle, joué par l’actrice artificielle qu’est Sisos, n’a pas d’action sur le public.

Troisième acte. À cet acte qui est vraiment le premier acte de la pièce, la salle prise, et le commencement des applaudissements.