Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/113

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Mardi 17 janvier. — Enfin, Dieu merci, c’est fini, des répétitions, des représentations… Quel retour hier ! Pas de voiture du Théâtre-Libre à la gare Saint-Lazare, et la marche — mon parapluie oublié chez Riche — dans des tourbillons de neige. Puis, dans la gare Saint-Lazare, sur de la glace, glissade des deux pieds, et me voici sur le dos, ayant touché des deux épaules. Enfin, je me relève avec rien de cassé, de luxé, et je crois, diable m’emporte, guéri d’un commencement de lumbago.

Jeudi 19 janvier. — Une presse, comme jamais je n’en ai eu. D’après le Figaro : « C’est une réunion de paradoxes vieillots, si ennuyeux que tout le monde a pris son chapeau » ; d’après la Liberté : « une bouffonnerie à l’esprit de 100 kilos » ; d’après la Libre Parole : « un radotage pénible de vieillard » ; d’après le National, par la voix du sévère Stoullig : « C’est la prétention dans l’ineptie, la nullité dans l’incohérence, l’absence absolue de toute fantaisie. »

Vendredi 20 janvier. — En lisant le Roman bourgeois de Furetière, je suis étonné de l’originalité de sa définition du roman : « Le roman n’est rien qu’une poésie en prose. »