Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/145

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de leur tête. Et dans ce travail horizontal, où la circulation se fait assez mal, quelques-uns ont deux ou trois chiens couchés sur eux, pour leur tenir chaud.

Vendredi 9 juin. — Dans l’espèce de foire, qui se tient autour des bâtiments de la source de la Grande-Grille, il y a un étalage en plein air, au coin duquel se tient un vilain juif, à l’œil dormant d’un chat qui guette une proie. Ce sont des bandages, des seringues à injections, un tas d’objets louches, énigmatiques parmi lesquels figurent des anneaux de Vénus, des rondelles de caoutchouc dentelées, au moyen desquelles, un peintre me disait qu’on procurait à la femme des jouissances cataleptiques. Or, c’est amusant, devant le mystère de cette boutique sous une tente, où le marchand fait la bête, de voir s’arrêter des femmes cherchant à comprendre ce qu’on y vend, et tout à coup devinant le commerce de l’endroit, s’enfuyant toutes rouges, inquiètes, si un passant a surpris leur attention devant l’étalage.

Lundi 12 juin. — Au théâtre du Casino, où l’on joue une pièce à tirades sur l’éducation des jeunes filles, j’entends une jeune spectatrice, qui dit à sa mère : « Maman, ne me regarde pas tout le temps, comme ça, quand on dit quelque chose de pas convenable… je suis déjà bien assez gênée ! »