Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/160

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Le hasard fait, que les exécutions, racontées hier, par Céard, reviennent dans la conversation, et Schwob décrit l’exécution d’Eyraud, qu’il a vue. Lui, il dit que dans une exécution, la seule chose dramatique, est l’apparition du condamné sur la porte, et que la rapidité de la décapitation dans tous ses détails — il a compté — ne dépasse pas 50 secondes.

Il a eu la curiosité de suivre Eyraud, au champ des navets, où il l’a vu mettre en terre, après qu’on a retourné sa tête, dont le visage se trouvait tourné du côté de son dos, dans la bière, sur laquelle il y avait écrit son prix : 8 francs. Puis, il est allé boire, avec les bourreaux, un verre de vin, dans le cabaret en face. Là, il a constaté le respect, la considération qu’il y a pour les descendants de bourreaux de père en fils, et l’espèce de mésestime pour ceux qui le sont devenus, par une alliance, un mariage avec une fille de bourreau. Les premiers, dans le langage argotique de la guillotine, s’appellent des : bing.

Samedi 22 juillet. — Dans notre promenade de ce matin, Daudet me parlant de son livre commencé : Quinze ans de ménage, me confie qu’il y a dans son esprit, une évolution, semblable à celle qui s’est faite dans le mien : le dégoût de l’éternelle aventure, de l’éternelle complication de la chose romancée.

Lundi 24 juillet. — La femme a la venette de la