Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/199

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peut-être été faite, pour être le pain des professeurs ? Les noms de ces écrivains ne doivent jamais être cités par un auteur, qui se respecte ! »

Au fond, c’est curieux qu’une boutade comme celle-là, ait le pouvoir d’inspirer de tels ressentiments dans une classe de gens.

Jeudi 4 janvier. — Carrière m’entretient de son tableau du Théâtre de Belleville, auquel il travaille, et qu’il espère avoir fini pour l’Exposition. Il me dit les soirées qu’il y passe, pour en emporter l’impression morale, sensationnelle. Il ajoute qu’il va voir aussi des verreries, des fonderies, des agglomérations ouvrières, pour bien portraiturer ces multitudes dans leur ensemble, car il ne s’agit pas ici de détacher des portraits particuliers : ils ne se voient pas dans une foule.

Il a tout à la fois l’observation et l’esprit, ce Carrière. Ces jours-ci, le chirurgien Pozzi, auquel il était allé recommander pour une opération, un pauvre diable, après de grands compliments sur sa peinture, l’invitait à venir le voir, un jour, à sa clinique. Le spirituel blagueur le remerciait par cette phrase : « Merci, docteur, je ne tiens pas à jouir de la douleur des autres ! »

Dimanche 7 janvier. — J’étais si bien portant, ces