Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/259

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torisez, je le brûlerai. Ceux qui sont honnêtes, et qui pourront payer, le feront, quant aux autres, je ne voudrais pas que leurs enfants, qui ne sont pas responsables des mauvaises affaires ou de la mauvaise foi de leurs parents, souffrent un jour, près de vous, de leurs dettes. » Et le registre fut brûlé.

Jeudi 30 août. — Je ne sais combien, il y a de mois, que je n’ai été dans ce qu’on appelle un lieu de plaisir, toujours malade que j’étais. Ce soir, je tombe au cirque, à mon spectacle aimé des tours de force, au vrai spectacle, et me voilà, avant le commencement de la représentation, me promenant avec une certaine jouissance dans les antichambres et les écuries de ce lieu, que j’ai un peu immortalisé dans les Frères Zemganno.

Un trapéziste extraordinaire, un homme volant dans l’espace, et c’est singulier, comme cet exercice a un retentissement chez moi, comme il n’est pas suivi seulement par mes yeux, mais par un jeu émotionné et presque actif de mes muscles et de mes nerfs, dans l’immobilité.

Puis l’obscurité, et le cirque tout tendu de noir, et un cheval de l’Érèbe, sur lequel se tient debout une Loïe Fuller, sous des flammes électriques de toutes couleurs, des lueurs violettes de gorges de tourterelles, des lueurs roses de dragées, des lueurs vertes de mousse sous la lune, et c’est un oura-