Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/268

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linge, met de la pauvreté dans sa personne. Elle m’apparaît la femme d’aujourd’hui, ainsi que les misérables danseuses des bals de barrières d’autrefois, à deux sous la contredanse.

Lundi 15 octobre. — Trochu causant de la vérité dans l’histoire, disait à M. Villard : « C’est moi qui ai été chargé, le soir de la bataille d’Isly, de relever le nombre des morts. Il y avait vingt-six morts français, et ce sont ces vingt-six morts, qui ont fait tout le tintamarre de la presse, et le duché du maréchal. »

Il ajoutait que, passant un jour à Mazagran, il avait voulu se rendre compte par lui-même, de la vérité. Or, les Français étaient derrière les murailles d’un Fort, avaient des provisions et des munitions pour trois mois, et se trouvaient en présence d’ennemis mal armés, qui n’avaient ni canons, ni échelles. À Mazagran, il y eut deux tués dans la fusillade, et un troisième, qui mourut des suites de ses blessures.

Dimanche 24 octobre. — Sur la mouche, à six heures et demie du soir.

Un ciel gros bleu, traversé de nuages, qui ressemblent à des fumées noires d’industries ; dans le haut du ciel, la lumière électrique de la Tour Eiffel, avec son rayonnement de crucifix lumineux. À droite, à