Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/278

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suis abordé par Ibels, qui me demande, si je connais le mime Martinetti, et quand je lui ai répondu, que je l’avais vu dans Robert Macaire : « Eh bien, me dit-il, Martinetti a été très frappé de la silhouette naïve de votre soldat, et il sera heureux de jouer dans une pantomime comme La Fille Élisa, où il aurait à mimer les amours et la mort d’un troubade. » Et Ibels sollicite près de moi, l’autorisation de faire le texte mimé de cette pantomime, que je lui accorde très volontiers.

Dimanche 2 décembre. — Ce soir, Loti tombe chez Daudet, il parle de son voyage de quarante-huit jours dans le désert, disant sa joie des levers et des couchers de soleil, dans la pure lumière, sans aucune atténuation par les vapeurs, et cela, dans le plein d’une santé, — c’est son expression, — qu’il doit à « un tempérament de bédouin ».

Lundi 10 décembre. — Sur la Seine à cinq heures.

Une eau violacée, sur laquelle filent des bateaux bruns, avec une frange d’écume blanche à l’avant, sous un ciel tout rose, dans lequel s’élèvent d’un côté la Tour Eiffel, de l’autre les minarets du Trocadéro, dans l’azur d’édifices fantastiques de Contes de fées.