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d’acajou, qui sera un jour le terrible guerrier Sakata-No-Kintoki.

La seconde d’Harunobou, planche un peu fantastique, montre dans une nuit, où volent de gros flocons de neige, un jeune amoureux qui joue de la flûte, dans le voisinage de sa belle.

La troisième d’Hokousaï : un très fin sourimono, représente, par un jour du Jour de l’An de là-bas, une longuette petite femme, portant sous le bras une cassette contenant un cadeau, en une marche méditative, dans une robe aux délicates colorations, comme diluées dans un bain d’eau : un sourimono encadré dans une étoffe, où brillent sur un fond d’or, des fleurettes blanches, sortant d’un feuillage de turquoise. En tête, est imprimée cette ligne d’une poésie : Le vent du printemps, qui a passé sur les fleurs des pruniers, parfume ses cheveux, semblables à des brindilles de saule.

Dans l’autre panneau sont trois dessins de Gabriel de Saint-Aubin, de Watteau, de Chardin.

De Gabriel de Saint-Aubin, c’est le dessin de la vignette de l’Intérêt Personnel, gravé par son frère Augustin, une vignette qui peut tenir bien certainement à côté d’un dessin de Meissonier.

De Watteau, ce maître de la main, et cet admirable interprète de sa nervosité, c’est une feuille de cinq mains de femmes, dans différents mouvements, et desquelles, l’artiste, seulement avec de la mine de plomb, et de la sanguine pourprée qui est à lui seul, a fait de la chair peinte.