Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/345

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chez Daudet, de Georges Lefèvre, un homme de lettres, à la vie accidentée, qui pendant quelque temps faisant en Afrique le commerce des plumes d’autruche, à la suite d’une querelle avec les autorités anglaises, est passé chez les Zoulous, l’avant-veille de la mort du prince impérial, et qui, averti par le courrier qui portait les dépêches, est arrivé sur les lieux, quatre heures après sa mort.

Le prince, avec huit hommes dont il avait le commandement, venait de passer la nuit dans un endroit, où le matin les Zoulous, se glissant à travers les roseaux, le surprirent au moment où il avait commandé à ses hommes de prendre le galop, et où, sautant sur son cheval, une zagaïe lui entrait derrière l’épaule, et le traversait de part en part. Quand Lefèvre arriva, le prince était par terre, zagaïé, et dépouillé de tous ses vêtements. Ce qui avait contribué à sa mort, dit Lefèvre, c’est qu’au milieu de ces hommes en costume sombre, et ayant l’air un peu de pompiers, avec son uniforme rouge et sa culotte blanche, il avait l’air d’un général anglais.

Georges Lefèvre nous cite plusieurs légendes des Zoulous, et entre autres celle de l’éléphant, considéré comme le représentant de la force, de la bonté, de l’intelligence.

Cette légende nous montre l’éléphant, quand il entre dans un fleuve, posant le pied légèrement pour ne pas écraser le sable, écartant doucement les branches pour ne pas les briser, et sauvant une gazelle d’un serpent qui la guette, sans faire peur au serpent.