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sant allusion à l’abandon d’un homme sur une plage déserte.

Lundi 18 avril. — Je lis dans un bouquin sur le Japon, la légende du thé. La voici :

Dharma, un ascète en odeur de sainteté en Chine et au Japon, s’était défendu le sommeil, comme un acte trop complaisamment humain. Une nuit pourtant, il s’endormit et ne se réveilla qu’au jour. Indigné contre lui-même de cette faiblesse, il coupa ses paupières, et les jeta loin de lui, comme des morceaux de basse et de vile chair, l’empêchant d’atteindre à la perfection surhumaine à laquelle il aspirait. Or ces paupières sanglantes prirent racine, à la place où elles étaient tombées sur la terre, et un arbrisseau poussa, donnant des feuilles, que les habitants cueillent, et dont ils font une infusion parfumée, qui chasse le sommeil.

Mercredi 20 avril. — De Béhaine déjeune chez moi. Il se plaint de l’incompréhension des républicains qui ne se rendent pas compte qu’il y a un pont entre le Saint-Siège et Cronstadt, et qu’en ce moment l’alliance russe est compromise et en suspens.

Jeudi 21 avril. — C’est étonnant comme les ani-