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réussite de sa carrière, l’éloquence d’un Lamartine, et de doubler sa littérature, de la publicité d’un homme politique.

Vendredi 29 juillet. — Je lis les Conversations de Gœthe, par Eckermann, et je trouve que l’écrivain allemand divisait l’humanité en deux classes : les poupées, jouant un rôle appris, et les natures, le petit groupe d’êtres, tels que Dieu les a créés.

Daudet confessait, qu’après le four de Lise Tavernier à l’Ambigu, il avait été drôle comme tout, à un souper distingué, original, qu’avait donné son beau-père, mais après, quand il s’était trouvé tête à tête avec sa femme, il avait été pris d’une crise de nerfs, et, ma foi, qu’il avait pleuré, pleuré comme un enfant.

Samedi 30 juillet. — Comme nous félicitions de notre jugeotte des hommes et des femmes, à première vue — faculté que nous trouvons n’appartenir guère qu’à nous seuls dans notre monde, Daudet me disait : « C’est très curieux ; moi les gens, je les juge par le regard, par l’observation… Vous c’est par une espèce d’intuition de l’ambiance ! »

Jeudi 11 août. — Alfred Stevens est venu dîner, avec sa jolie fille, aux yeux si tristement charmants.