Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/88

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rue, les interpellait avec une certaine éloquence, les blaguait, et obtenait la charité par l’intimidation, la terreur d’une divulgation des choses secrètes de leur existence.

Il passait tous les hivers à la prison, qu’il appelait sa maison de campagne, s’y faisant enfermer à la suite de frasques, semblables à celle-ci. Un jour, la préfète sort seule de la préfecture, et voici mon Césarin, qui lui offre le bras, et s’indigne tout haut et très drolatiquement du refus de la dame. Rassemblement des habitants, intervention de la police, et billet de logement pour Césarin à sa maison de campagne.

Mercredi 12 octobre. — M. Salles, le père de Mme Benedetti, à propos de Germinal me contait aujourd’hui, à Saint-Gratien, en sa qualité d’intéressé dans une houillère de Belgique, l’attachement des mineurs pour leurs mines, et me donnait ce détail, qu’une grève de huit jours étant accordée là, pour l’arrachement des pommes de terre, les femmes ont toutes les peines à décider leurs hommes, pour ce travail, à ciel ouvert. Et M. Salles, me citait un mot bien caractéristique du contremaître, lui rendant visite à Paris, et lui disant sur un ton intraduisible de dégoût : « Oh, ça sent le bois chez vous ! »

Vendredi 14 octobre. — Tout ce temps, dans le