Page:Goncourt - La Fille Élisa, Charpentier, 1877.djvu/180

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remettait à rire nerveusement, par deux ou trois fois, secouée par une hilarité farouche qu’elle ne pouvait arrêter, et qui repartait malgré elle.

La condamnée redevenait sérieuse, et au bout de quelques instants s’échappait de ses lèvres soupirantes : « C’est pas de moi qu’on peut dire que j’ai eu une bien belle marraine ! »

Le train marchait à toute vitesse avec un fort mouvement de lacet. Élisa était tombée dans une absorption où ses pensées emportées, dans la nuit du wagon, par la vitesse tressautante du chemin de fer, avaient quelque chose du noir cauchemar d’un vivant que roulerait en tâtonnant, sous l’eau d’un océan, un bâtiment sombré.

Un coup de sifflet, le nom d’une station appelé par un employé, des pas lourds sur le sable à côté d’elle, réveillèrent la sombre songeuse.

La curiosité de voir tout à coup prenait Élisa.